Classement Subjectif : 5ème position

The Strangers (곡성), Na Hong-jin

Pur produit du - génial - cinéma coréen, The Strangers  s’ajoute à une déjà longue liste de films aux codes tellement différents du cinéma occidental qu’ils suscitent toutes les passions. 

On peut choisir de les éviter parce qu’on ne les comprend pas, mais on peut également les admirer, les vénérer, parce qu’ils savent nous déranger, et aborder de véritables problèmes… ce que le cinéma français est devenu incapable de faire (sans du moins être cynique), par exemple. 

Le réalisateur a su créer un subtil mélange de thriller, d’horreur et de tragique, proposant une oeuvre bigarrée et totale. Comme le personnage principal, on est vite forcés de se rendre à l’évidence : cette enquête policière ne sera pas comme les autres. 

Le film jette le spectateur dans la Corée profonde et rurale, dans une formidable ambiance oppressante à souhait. Le ton est donné dès le début, à la fois par le rythme effréné et la violence des situations, des dialogues des personnages. Le film révèle d’ailleurs rapidement son ton fantastique dans une scène dont on ne sait si elle est rêve ou réalité - un villageois racontant sa rencontre avec une créature -, d’ailleurs chef d’oeuvre de tension. 

Le spectateur n’a que bien se tenir : de même que les protagonistes, il sera coincé dans la vallée pour les deux prochaines heures, livré à ses démons. Au sens propre comme au figuré.

A l’image du chaman, empêché de quitter les lieux par une force mystérieuse, c’est bel et bien la dimension mystique qui nous retient dans The Strangers. 

Malgré, les 2h40, pas une seule scène, pas un seul instant de trop : le savant puzzle composé par Na Hong-jin se révèle au fur et à mesure, faisant oeuvre d’une cruauté exponentielle. 

Et que dire de la scène de l'exorcisme chamanique ? Juste waw. 

Le film explore un grand nombre de dimensions, du lien familial au racisme anti-japonais, en passant même par une critique de l’omerta des villages, profonde critique sociale, comme l’est souvent le cinéma coréen. C’est donc par cet aspect de film complet, total, qu’il trouve sa qualité. 

En bref, un excellent film de genre, qui saura encore surprendre aux (nombreux) prochains visionnaires.