Classement Subjectif : 3ème position
Mademoiselle (아가씨), Park Chan-wook
Mademoiselle est un film déroutant par bien des aspects. Il ne révèle ses thématiques qu’au fur et à mesure de la progression de son intrigue : un conte entre réalisme et onirisme.
Mademoiselle, c’est une impression de plasticité persistante : chacun des plans se bat avec le précédent pour être le plus beau du film. Park Chan-wook révèle encore une fois son génie de composition des cadres, de “tableaux“. Ces tableaux sont sublimes - de par la fine représentation de la Corée des années 30’s -, habités par des personnages qui le sont tout autant, chacun à leur manière. Chacun des mouvements de caméra semble être doté d’une vie propre. La mise en scène est fantastique, le réalisateur jouant avec les échelles, la proximité des objets, le rapport des personnages à la caméra. Point important, des passages en vue subjective (OUI) sont ici admirablement bien intégrés dans la construction, et on surtout un sens.
Pour les scènes de sexe - qui d’ailleurs, preuve de ce fameux sens, n’ont écopé que d’un avertissement pour les spectateurs de moins de douze ans - on est bien loin de La Vie d’Adèle et ses expositions outrancières. Encore une fois, c’est leur composition qui prime, et encore une fois elles font partie intégrante de la direction finale de l’oeuvre.
Le scénario se base sur un habile découpage en trois parties ; parties qui de fait racontent la même histoire de différents points de vue, sans jamais être redondants : ils éclairent simplement l’intrigue, et font progresser la perception du spectateur. Malgré ces nombreux “plot twists“ (le terme étant ici utilisé de la manière la plus méliorative possible, tant ce sont des retournements purs et entiers du film), le film arrive de manière logique de son point A à son point B, sans avoir jamais perdu le spectateur.
Que dire des acteurs ? Qu’il est bien triste pour nous autres non-initiés aux langues asiatiques de ne pas pouvoir pleinement - autrement que par le changement de couleur des sous-titre - constater leur labilité linguistique, cette capacité à alterner entre coréen et japonais qui joue un rôle si important dans le conte ? Ils incarnent tous à la fois simplement et profondément un rôle, un archétype mythique : ils sont excellents, et excellemment bien dirigés.
Mademoiselle, c’est une gigantesque pierre dans l’oeuvre de Park Chan-wook ;
Mademoiselle, c’est pour moi un des trois géants de l’année 2016.
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