Quand on a 73 ans
Quand on a 17 ans, d’André Téchiné, repasse sur Canal, et soyons clair tout de suite, vous avez forcément quelque chose de mieux à faire que de regarder ce film.
Un film artificiel, forcé (à l’image de Sandrine Kiberlain qui parait fausse quoiqu’elle puisse faire) et sans aucune cohérence.
De fait, la première chose à laquelle on pense en sortant du film, c’est l’opposition, la frontière, que dis-je, le Mur de Berlin entre l’univers de Céline Sciamma et celui du réalisateur. Céline Sciama sait parler de la jeunesse - elle nous l’a montré à plusieurs reprises, que ce soit dans Bande de filles ou Ma Vie de courgette - mais le problème est que cette vision est illustrée à contresens.
Téchiné, du haut de ses 73 ans, n’a pas su saisi la jeunesse de 2016 : il crée à coups de clichés une jeunesse fantasmée, improbable.
La plupart des personnages sont des archétypes (et le mot est faible) : le discret et travailleur fils d’agriculteur / le fils de bonne famille qui fait la forte tête… + le motif de la boucle d’oreille qu’on pourra nommer “facilité scénaristique éhontée pour attirer l’attention du spectateur sur la “féminité“ du personnage". Comble du cliché - du non-sens-, ce personnage se retrouvera à rencontrer un homme pour “vérifier“ (oui) sa sexualité, le tout ACCOMPAGNÉ DU GARÇON À PROPOS DUQUEL IL SE POSE DES QUESTIONS. On y retrouve également un voisin vétéran de l’armée (nous sommes bien dans un film français) et un père militaire qui peut mourir à tout moment… et qui meurt (nous sommes définitivement dans un film français)
La réalisation en elle-même est assez insipide.
On le voit notamment au niveau des scènes de plans rapprochés : improbables, filmées par un opérateur visiblement narcoleptique (la caméra dévie invariablement dans une diagonale basse, sans qu’un message esthétique clair puisse y être trouvé). Le reste des scènes est simplement fonctionnel, dans une volonté naturaliste, qui d’ailleurs ne cherche même pas à se cacher en esthétisant son propos : il n’y a simplement pas de recherche d’esthétique, que des images brutes.
Un aspect positif : les jeunes acteurs (Kacey Mottet-Klein et Corentin Fila) sont - presque, et encore- convaincants, mais ont un réel potentiel. Ils sont sans doute bridés par ce scénario insensé, qui les fera d’ailleurs s’affronter nus au pied d’une cascade de montagne en hiver (oui)!. Peut-être que, dans un autre film où ils auraient eu le loisir d’improviser, ils auraient pu proposer quelque chose de moins faux. Peut-être.
En tout cas, passez votre chemin. Fuyez cette atmosphère où plane un malaise permanent : celui induit par la vision d’un septuagénaire qui n’a rien compris à la jeunesse.
Commentaires
Enregistrer un commentaire