Primé à Annecy : Louis Garrel et les Khmers Rouges

Funan, un film de Dennis Do
avec Louis Garrel et Bérénice Béjo


Cambodge, avril 1975. Les soldats Américains se sont retirés, les Khmers Rouges expulsent les habitants des villes vers les campagnes, pour mieux les contrôler : on leur dit clairement, c’est Angkar (soit “l’organisation”) qui décide désormais de ce qui est bon pour eux.
Une famille bourgeoise se retrouve donc à sillonner les routes, abandonnant progressivement toutes leur possessions matérielles… ainsi que par mégarde leur fils Sovan, 3 ans et plein de vie, qui s’égare dans la foule.
Rapatriée vers les champs, ses parents, Chou (Bérénice Bejo), Khuon (Louis Garrel) et le reste de la famille sont parqués dans des camps de concentration qui ne disent pas leurs noms. Aux côtés de sa grand-mère, Sovan est conduit dans un camp qui forme la relève et l’avenir du Cambodge. Dès lors, Chou se lance dans une lutte presque inespérée afin de retrouver son fils.

Ce qui fait la force de Funan est d’abord l’alliance entre l’horreur de la détention et un cadre spatial sublime. L’animation est d’une grande qualité ; les personnages sont très humains, et Dennis Do prend soin de faire don au spectateur d’un grand nombre de panoramas. Les rizières cambodgiennes sont magnifiques et ces quelques secondes poétiques et colorées permettent une respiration, une bouffée d’air à la manière du mari qui souffle dans le cou de sa femme à chaque nouvel acte du film. Le choix de l’animation prend de plus en plus de sens au fur et à mesure du développement du film : il s’agit de ne pas glorifier une violence trop brute tout en sublimant les personnages.
Funan est une oeuvre difficile, mais qui se penche sur une période de l’histoire trop rarement abordée au cinéma. Dennis Do vise juste, et on en ressort le souffle coupé.

Manon Montrouge et Augustin Pietron
Article paru à l'origine dans Le Court de l'Histoire, Gazette du Festival International du Film d'Histoire de Pessac

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