24 Octobre - Couples



La Tendre Indifférence du Monde, un film de Adilkhan Yerzhanov avec Dinara Baktybayeva, Kuandyk Dussenbaev, Teoman Khos, … 

Derrière ce long titre élégiaque - très Un Certain Regard au demeurant - se cache un singulier conte moderne. Le Kazakhstan est aussi rare à l’écran que plaisant à découvrir, tant au niveau des paysages et personnages que des parti-pris de réalisation 
La Tendre Indifférence du Monde est filmé(e) avec beaucoup de distance : l’action est observée de loin comme avec pudeur et les deux protagonistes semblent systématiquement perdus dans les cadres, moyen le plus simple finalement de représenter leur décalage avec la société violente dans laquelle ils sont projetés. 

L’oeuvre est un conte moral présentant deux personnages forts à leur humble façon mais en position d’infériorité face à tous les autres : Saltanat, une jeune femme surendettée et Kuandyk, jeune paysan en mal de responsabilités, épris de la première, qui décide de veiller sur elle. 
Le film est incisif quant à l’état politique et économique du Kazakhstan et dénonce fermement corruption, comportement des oligarques et pratiques familiales vétustes. Il présente surtout un amour entre deux êtres aussi absolu qu’impensable de par les conditions évoquées précédemment. 
On ne lui regrettera qu’une conclusion qui s’étire en longueur et ne parvient pas à marquer, faisant passer le film pour légèrement trop long malgré ses 1h40 pourtant classiques. 


Cold War, un film de Paweł Pawlikowski 
avec Joanna Kulig, Tomasz Kot, Jeanne Balibar, … 

Prix de la mise en scène au Festival de Cannes. 

Loin de l’explosion musicale et passionnelle promise, Cold War souffre en fait d’un terrible manque de crédibilité : la dichotomie fond/forme y est telle que ces derniers, irréconciliables, semblent former deux films différents. 

D’une part, Paweł Pawlikowski gère la technique et mérite évidemment son prix de la mise en scène… À tel point que la plasticité des scènes en devient parfois même indigeste et irréelle. De l’autre, Joanna Kulig et Tomasz Kot se démènent avec des personnages irrationnels qui vivent une histoire alambiquée - qui alterne entre le sublime et le sinistre -, d’un tragique quasi-absurde. Leurs amants maudits le sont au point qu’ils prennent systématiquement la mauvaise décision . bloc de l’Est oblige, cette “mauvaise décision” pouvant à chaque fois les emmener très loin dans l’odieux. 
La totale absence de liant entre réalisation et personnages empêche le spectateur de s’impliquer émotionnellement dans l’intrigue. 

Les moments musicaux traversent certes le film, de la musique folklorique au jazz en passant par le rock mais demeurent terriblement courts, manquant systématiquement d’être transcendants (peut-être toujours à cause de la froideur  de la réalisation). Par ailleurs, le film se déroule entre les années 50 et 60 mais la représentation historique d’une période à l’imagerie pourtant marquée demeure d’une grande pauvreté. 

Dans sa deuxième partie, le rythme s’accélère et les ellipses sont de plus en plus nombreuses : le film tend à ressembler de plus en plus à une démonstration de technique. On n’en voit plus la fin ; pourtant, il ne dure qu’une heure et vingt minutes. Les dix dernières sont d’ailleurs absolument improbables et achèvent d’enterrer toute émotion chez le spectateur. 

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