A Quiet Place

Sans un Bruit / A Quiet Place , un film de John Krasinski 
avec John Krasinski, Emily Blunt, Millicent Simmonds, Noah Jupe


Avant toute chose, précisons que Sans un bruit [son titre français, voir dernier paragraphe] - est assez mal vendu par une bande annonce trompeuse, ainsi qu’une hideuse affiche aux faux airs de film DTV du début des années 2000. Loin d'être le slasher frénétique que sa bande annonce semble promettre, il se révèle en fait être un film complexe, aux enjeux bien plus nombreux qu’une primaire survie face à des monstres. La quasi-totalité des apparitions de ces derniers se retrouve d’ailleurs dans la bande annonce, qui omet de fait systématiquement l’aspect psychologique et relationnel du film. Il pourrait donc décevoir certains* comme à l’inverse il m’a surpris. 

John Krasinski met en place un véritable univers post-apocalyptique (qui serait presque trop bien pensé, en fait : dans le supermarché de la scène d’ouverture, le seul rayon qui n’a pas été pillé… est - évidemment - celui des paquets de chips) dans lequel il fait évoluer des personnages simples mais crédibles. Les membres de la famille ont d’ailleurs une alchimie comme on en voit rarement à l’écran. Krasinski et Blunt - partenaires à la ville comme à l’écran - sont impeccables, tout comme les jeunes acteurs : Millicent Simmonds (déjà vue dans Wonderstruck de Todd Haynes, sorti l’année dernière) excelle dans ce qui est seulement son second long métrage. Noah Jupe, plus jeune mais plus expérimenté, complète le quatuor à la perfection.

Surtout, le film met en place une vraie tension, qui ne s’appuie pas sur des jumpscares mais s’inscrit dans le temps ; dans laquelle les moments forts concernent en fait les humains et non les monstres. Sa progression est également très intéressante ; l’un des thèmes principaux étant la relation père-fille, et la graduelle transmission de confiance et responsabilités. 

Un seul regret : le titre français ne parvient pas à restituer l’intégralité de ce qui était contenu dans le titre original. 
Dans le “quiet“ du titre anglais, on trouve une certaine dualité entre "silencieux" (le fameux "sans un bruit", donc) et "tranquille". Ce second aspect se retrouve dans le comportement de la famille, qui a survécu, s'est adapté et, d’une certaine manière, accepte la situation - au point de vouloir y donner la vie, le futur accouchement du personnage d’Emily Blunt tenant une place importante dans l’intrigue. Les personnages ne sont à aucun moment désespérés ou hystériques mais pleinement conscients du danger, ce que ce titre français trop unidimensionnel échoue à retransmettre.
Une traduction incomplète sinon mauvaise de plus… dommage.

*** Lorsque j’écris certains dans le paragraphe d’introduction, c’est bien entendu ce diable de Nathan Lazaro.

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