Une rentrée originale : Petit Paysan et Patty Cake$





Petit Paysan, un film de Hubert Charuel 
avec Swann Arlaud 
Patty Cake$, un film de Geremy Jasper 
avec Danielle McDonald 

Ces deux films sortis le 30 août ont pour point commun d’abord d’avoir été présentés dans les sections parallèles cannoises, et ensuite d’être des œuvres inclassables alors que, sur le papier, elles présentaient simplement l’histoire de deux personnages peu originaux (voire même banals). Petit Paysan propose au spectateur le récit du combat d’un agriculteur confronté au virus de la vache folle ; Patty Cake$ fait celui du combat d’une jeune fille qui souhaite faire du rap envers et contre tous (et surtout contre son statut social). 

De ces rapides présentations, on pourrait normalement tirer la conclusion qu’on est face à un film social français pour l’un, et à un biopic américain pour l’autre. Personne ne nous en voudrait pour ce schématisme ; ce serait sans compter sur le style. Ce qui fait que les deux films ne tombent pas dans le  convenu, le cliché, voire même la caricature d’eux-même, c’est leurs parti-pris dans la manière de raconter leurs histoires. 

Petit Paysan témoigne d’une grande liberté de ton. Globalement drame, il prend des accents de thriller mais aussi des accents burlesque. L’humour et l’autodérision dont il fait preuve (le réalisateur est lui-même issu du milieu qu’il décrit) sont corrosifs, flirtants souvent avec le satyrique. Le film n’est jamais là où on l’attend, insiste sur ce qui aurait été laissé de côté par d’autres, évite le convenu. Chaque scène s’éloigne un peu plus de ce que l’on attendrait des canons du genre 

Patty Cake$ évolue dans la même liberté. Il ne fait pas que le portrait d’une jeune femme blanche et obèse dont on dit qu’elle ne peut pas rapper, il propose une réflexion sur tout le milieu social qui l’entoure, à savoir le New Jersey (si proche mais si loin de New York) dans son intégralité. 
Il se permet même des séquences plus ou moins oniriques - incluant O.Z, un “Dieu“ du rap au phrasé biblique qui est peut-être la meilleure trouvaille du film -  visuellement incroyables qui donnent toute son originalité à l’oeuvre. Le style de musique créé par Patricia Dombrovsky/Killa P/Patty Cake$ est dans la même veine, débordant de créativité et unique.  


Les destins de ces deux personnages principaux sont racontées sans complaisance. Tout le monde en prend pour son grade, des lointains et éphémères personnages secondaires aux personnages principaux, en passant bien sûr par les sociétés dans lesquels ils évoluent. Ces deux films sont donc les bonnes surprises de la fin d’un été cinématographiquement léger, et une bonne préparation à ce que Cannes proposera par la suite. (You Were Never Really Here & The Killing of a Sacred Deer notamment, sorties françaises le 1er novembre). 

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