Le film que vous ne seriez pas allé voir : Money

Money, un film de Gela Babluani
avec Louis-Do de Lencquesaing, Vincent Rottiers, Benoît Magimel, … et un certain nombre de seconds couteaux du cinéma français

Vu au Festival du film francophone d’Angoulême. 


Money ne paye pas de mine. Son affiche est incroyablement kitsch, le nom du réalisateur ne dira rien à personne ; il sort sans publicité à la fin de ce qui est peut-être le mois le moins cinématographique de l’année. Son réalisateur est d’origine géorgienne, le titre est en anglais, et pourtant, c’est un film français. 
Ce qui d’ailleurs est déjà une tare pour un certain nombre de spectateurs. 

Cependant, Money est un film original, dans le bon sens du terme. Il se démarque aisément d’un certain nombre de “thrillers politiques“ français, dont il partage pourtant une certaine facture intimiste [ces derniers se déroulant souvent en huis-clos]. Mais ici, même si l’épicentre de l’action se situe dans un bureau de député, les péripéties se voudront toujours plus éloignées, toujours plus égarées dans la nuit havraise.

Pas un seul instant manichéen, les rapports de force évoluent constamment dans un scénario aussi complexe que versatile, et on ne sait jamais vers quel personnage l’empathie du spectateur devrait aller. Tous ont leurs tares, tous prennent à un moment l’ascendant sur quelqu’un d’autre, et, même si leurs actions sont systématiquement déviantes, on en vient forcément à vibrer avec tel ou tel personnage… jusqu’à ce que un événement impromptu vient tout remettre à plat. 

Plus polar que politique, il parvient à toucher le burlesque discrètement, sans jamais en faire trop ; provoquant ainsi des moments de pur incrédulité. Vous n’avez jamais vu une pendaison aussi drôle. 

Seule l’interprétation laisse éventuellement à désirer, principalement au niveau du trio de jeunes acteurs, mais ce dernier point est à relativiser : nous tenons peut-être le seul film où Louis-Do de Lencquesaing joue bien, et les seconds rôles tels que celui de Benoît Magimel sont fantastiques.  


Alors, mettez-vous en danger, soyez aventureux avant d’être spectateurs. Ce mercredi 27 septembre prochain, ne faites pas juste confiance aux noms rassurants de Claire Denis (spoiler alert : son film est une catastrophe) ou Noémie Lvovsky. Sauvez le caissier qui vous vendra la place de la monotonie, étonnez-le… soyez seul dans la salle, l’expérience n’en sera que plus marquante. 

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