Lvovsky, insaisissable.
Demain et tous les autres jours, un film de Noémie Lovsky
avec Luce Rodriguez, Noémie Lvovsky et Mathieu Amalric
Noémie Lvovsky a su, petit à petit, se faire une place dans le paysage cinématographique tricolore, tantôt scénariste, tantôt actrice, tantôt réalisatrice : elle tient aujourd’hui un rôle non négligeable dans le cinéma français.
Film après film, elle construit et compose son personnage, impose son univers, sa vision du monde. Après l’excellent Camille Redouble, qu’en est-t-il de sa nouvelle création ?
Demain et tous les autres jours a indéniablement du caractère. On y croise notamment, en plus d’un Mathieu Amalric plus éberlué que jamais, une chouette (parlante ?) qui se fait animal totem mais aussi sidekick comique, et,même deus ex machina lorsque le besoin s’en fait sentir. Lvovsky crée son univers, à peine différent du nôtre ; simplement, tout ce qu’il s’y déroule semble exempté de conséquences. On y retrouve également le ton doux-amer et l’émerveillement chers à Lvovsky.
Elle choisit de nous conter l’histoire de la relation - pour le moins difficile - entre une petite fille et sa mère, cette dernière étant atteint d’un trouble de la personnalité qui ne sera jamais défini.
Demain et tous les autres jours est profondément perturbant
Plus personnel que jamais ; puisque Lvovsky choisit d’incarner le personnage non pas central, mais sujet du film : elle est la mère de l’enfant, qui suscite toutes les interrogations de cette dernière, la raison d’être de l’oeuvre.
Parfois, la magie opère et le public sourit ; malheureusement, il doit consacrer une grande majorité du temps à chercher du sens là où il n’y en a pas.
On pourrait y voir une métaphore du travail de l’artiste (de sa déconnexion avec le monde ?). Sa fille endosserait alors le rôle de spectatrice, regard extérieur et enfin jugement. On pourrait y voir une grande diatribe sur la capacité de la société à intégrer ses éléments les plus ‘déviants’ ; chaque minute du film représentant un pas de plus vers la clinique pour le personnage de la mère. On y pourrait - en théorisant pendant des heures ), y déceler de nombreux thèmes.
Tout ceci ne restant qu’à l’état de supposition, puisque l’importance de la relation mère-fille va grandissant, jusqu’à une résolution pour le moins ambiguë qui échoue à être une réelle conclusion [pour le spectateur cartésien]. Qui égare le spectateur, et l’empêche de retirer quelque chose.
C’est peut-être là le problème du film : quand Camille Redouble alliait naturellement gravité et puérilité, Demain et tous les autres jours se place uniquement dans le point de vue d’une enfant dépassée par les événements, et est incapable de leur donner du sens ; et, de fait, un impact.
À une prochaine fois, Noémie !
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