Comment et pourquoi James Gray est-il un auteur prétentieux, fade et théâtralisant.

Lost City of Z, un film de James Gray
Avec Charlie Hunnam, Sienna Miller et Robert Pattison



Déjà, son précédent film, The Immigrant avait un problème. Marion Cotillard. Une réalisation faible (pour ne pas dire fonctionnelle) et rythmée par d’artificiels moments “sentiments“, où ces derniers était honteusement exacerbés. L’impression finale était tout de même relevée par un scénario qui tenait la route, même si le sujet - et son traitement -  n’était pas pour original pour autant. Subsistait de cette “fiction historique“ une impression auteurisante factice. 


Lost City of Z, tout aussi historique - un biopic, de fait - avait cependant l’air d’être plus ambitieux, se déroulant en grande majorité dans la jungle, dans le sillage de l’explorateur Percy Fawcett. 
Ce n’était qu’un air d’ambition. Malgré le vaste monde qui s’ouvrait à lui, Gray a continué de s’enfermer dans des plans classiques - pour ne pas dire banals - , à peine dignes d’une pièce de théâtre filmée. 

Première surprise, là où d’autres (Werner Herzog, et à deux reprises de surcroît) avaient su filmer la jungle comme un personnage à part entière, James Gray se fait littéralement dévorer par ce qui n’est dans son film qu’un paysage. Tous les plans larges sont affreux tant ils manquent de netteté. C’est à ce demander si Darius Khonjdi [Magic in the Moonlight, dont la photo était le seul intérêt] était réellement sur le tournage. Les mises au point sont anarchiques, et seuls les plans rapprochés parviennent à proposer quelque chose de correct, même si très fonctionnel (tous les dialogues sont en champ/contrechamp). En bref, le film est laid. 

Ensuite vient la question de la continuité. Passons sur le fait que le film est un énième biopic qui explique les actes d’un homme par son passé. Son père semble avoir commis une faute inavouable qui a mis la famille en disgrâce, le rejeton ne souhaite rien plus ardemment que de se racheter. 
Non, ce qui mérite principalement d’être relevé, c’est le manque absolu de cohérence. Le choix des séquences dans la vie de Percy Fawcett est brouillon, et n’a aucun sens dans sa globalité. On passe d’une scène de chasse à courre - extrêmement longue au demeurant -  uniquement représentative de l’exclusion du personnage par la Haute société à un premier voyage en Bolivie, jusqu’à un passage par la Première Guerre mondiale (on a rarement vu une séquence aussi inutile) puis à un saut temporel de dix ans. La progression du film est difficile à suivre puisque les raccords sont simplement existants. 
Si on voulait être pointilleux, le vieillissement des acteurs est de la même manière totalement anarchique. Percy Fawcett gagne, perd des rides puis les retrouve ; tandis que ses moustaches et ses cheveux deviennent poivre et sel puis gris puis à nouveaux châtain. 

Last but not least, il nous faut aborder la direction d’acteurs. Ces derniers ne cessent pas une seconde de déclamer leurs répliques à la caméra. Ils se comportent absolument comme si cette dernière était présente à chaque instant ; ils théâtralisent chaque événement, du plus infime tracas d’un voyage dans la jungle amazonienne à une “crise familiale“ absolument irréaliste où le fils Fawcett perd toute inhibition. Il est donc passablement énervant de se voir imposer d’aussi artificielles que permanentes “explosions lyriques“ qui servent surtout à installer du rythme là où il n’y en a pas. 


James Gray, ou comment transformer l’histoire d’un grand aventurier en mélodrame crispant et permanent. 

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