Unsane


Paranoïa, un film de Steven Soderbergh
avec Claire Foy, Joshua Leonard et Juno Temple


Steven Soderbergh ne prend même pas le temps de se faire désirer et nous offre Paranoïa (traduction franchouillarde douteuse d’un très fin ‘Unsane’ en V.O. - sans même parler de sa catastrophique affiche française) moins d’un an après le brillant Logan Lucky. Revenu définitivement sur sa retraite, il persévère de plus dans son habitude d’alterner un film “classique“ avec un film plus “expérimental“ (que ce soit sur la forme ou sur le fond). Ici, si le fond est certainement politique (les événements du film sont inspirés de faits réels), c'est bien la forme qui se veut alternative : Paranoïa est entièrement tourné à l'iPhone. 

L'ambiance est démente, dans tous les sens du terme : terriblement malsaine et terriblement réussie. Pour Soderbergh, l'utilisation des iPhone impliquait une réalisation effacée, presque absente, souvent presque caméra de surveillance ou même caméra embarquée. L'utilisation de des caméras de téléphones rompent ainsi avec toute dimension de grandiose filmique et augmentent immersion et sensation d'enfermement, et ce dès les premières scènes, même dans les rues hors de l'hôpital. 

Claire Foy, en dehors de sa zone de contrôle, excelle et porte le film sur ses épaules ; Joshua Leonard, l'interprète de son stalker est légèrement moins convaincant (son statut de polichinelle psychotique pouvant surgir à chaque instant l'empêche d'inscrire son jeu dans la finesse). Juno Temple est quant à elle simplement hallucinante et terrifiante.


Soderbergh déroule son histoire sans concessions - et sans artifices, comme on l'a vu plus haut - et livre un thriller pur. Il joue avec des temps de pause qui augmentent le malaise. La mécanique dans laquelle l’héroïne est enfermée paraît implacable avant de sembler surréaliste. On sent que tout a été pensé au détail près, mais par quelqu'un d'autre qu'un scénariste de fiction : tout cela paraît tellement plausible que cela en devient réel.

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