Carnets du FIPADOC - Les oiseaux naissent-ils pour voler ?


Avec un souffle qui tient souvent plus du cinéma réaliste que du documentaire, Ellen Fiske et Ellinor Hallin, réalisatrices suédoises, posent leur caméra à Motherwell en Écosse. Les « schemes birds » du titre sont les jeunes habitants et habitantes des tours et lotissements de la ville, délaissés et désœuvrés. 
Autour des semi-detached houses et des briques typiquement britanniques, la violence semble être le mode d’expression principal. Gemma, la jeune fille point central du film établit la problématique dans les premiers instants : « Here, you get locked up or knocked up » — ici, soit tu finis enfermé, soit tabassé. Ce sont leurs deux uniques perspectives d’avenir – autant en profiter, se battre, boire et se sentir vivant avant que cela n’arrive. 

La réalisation a quelque chose d’organique dans son rapport aux espaces et à la violence : les tours occupent l’espace en permanence et semblent surveiller les personnages. Lorsque ceux-ci se battent, la caméra est au plus près des corps. 
Les schemes, ce sont les blocs où ils vivent ; les oiseaux, ce sont aussi les pigeons du grand-père de Gemma. Une métaphore sur leur élevage pouvant devenir une parabole sur la vie, celle d’ un homme fatigué qui a essayé de donner à sa petite fille de quoi se défendre. 
Scheme Birds est un film d’apprentissage résigné, qui en tout cas tendrait à présenter les événements comme cycliques. 
L’aciérie de Motherwell est démolie suite aux réformes de Thatcher, marquant ainsi le début du déclin de la ville. Vingt ans plus tard, les tours où nos birds habitent le sont aussi, comme un constat d’échec. Les parents de Gemma l’ont eu trop jeune. Sa mère, toxicomane, l’abandonne et elle est élevée par son grand père. Gemma elle-même tombe enceinte, se brouille avec sa famille et quitte le père de son fils. 
Les Scheme Birds aspirent à être adultes mais ne semblent pas être équipés pour. Éternels adolescents, « être adulte » signifie pour eux être libres, sans responsabilités. D’ailleurs, pas un seul d’entre eux n’a de travail ; leurs journées se résument souvent à traîner entre jeunes délaissés. Ils se font également rattraper par leur environnement : la violence sourde frappe souvent à l’aveugle. 

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