Parasite


Parasite, un film de Bong Joon-ho
avec Song Kang-hoLee Sun-kyunCho Yeo-jeongChoi Woo-shik et Park So-dam.

Parasite est sans surprise un film absolument « BJH » sur le plan formel. Bong Joon-ho présente en effet un film fait de faux-semblants dans lequel les contorsions mentales par lesquelles passe le spectateur sont au moins aussi importantes à l’œuvre que son scénario. Ce n’est pas sans rappeler Mother (2009) ou Snowpiercer (2013) - bien que l’ampleur de ces films soit évidemment différente - à la fois dans la façon dont l’intrigue semble se mettre en place sous nos yeux, mais également dans le traitement des rapports de classe.

La mise en scène et la photographie sont extrêmement soignées. Chaque seconde de pellicule est pensée pour signifier, le décor vient même compléter (vous avez déjà vu un lieu de vie où les toilettes sont plus hautes que tout le reste, vous ?) le propos de chacune des scènes.
Bong Joon-ho se meut avec une aisance presque insolente entre les genres et compose un film protéiforme. Parasite est situé entre thriller, drame familial, satyre et même de l’absurde ; quelque part entre Renoir, Clouzot et Buñuel sans jamais dépasser les citations. Parasite est intriguant, légèrement inquiétant ; tout étant doté d’espaces de respiration voués à susciter le rire, souvent par le ridicule. Le réalisateur sait ce qu’il veut - et ce qui fonctionne - et ne s’en éloigne pas. Cela finit même par miner l’expérience filmique : à force d’être « trop film », on finit par ne plus pouvoir oublier qu’on est devant une oeuvre de fiction, travaillée jusqu'à l'excès.

Sur le plan conceptuel, rien n’est manichéen, il n’y a pas de parti-pris dans l’écriture - ce qui d’ailleurs pose question lorsque cette Palme d’Or du 72ème Festival de Cannes est présentée comme un grand film politique - et si le film revêt effectivement un ton satyrique, il concerne l’ensemble des personnages - le réalisateur donne un grand nombre de pistes mais ne juge jamais. Le spectateur lui-même en sera bien incapable : ces bourgeois ne sont pas si affreux…
Bong Joon-ho dirige une galerie de brillants acteurs qui installent au fur et à mesure leurs personnages dans une sorte de parodie d’eux-mêmes, au delà d’un statut de classe : « ne jamais se remettre en question » semble être leur résolution la plus intime, dans une certaine forme de jusqu’au-boutisme. Ce dernier aspect est particulièrement intéressant puisque chaque personnage évoluent ainsi dans son propre arc narratif en parallèle de l’histoire principale. L’intrigue principale, finalement très basique se retrouve ainsi solidement appuyée.
Dans les dernières minutes le réalisateur veut absolument conclure chaque segment évoqué mais fournit une sorte d’anti-climax trop explicatif  (on y lirait presque sa note d’intention) qui laisse une impression mitigée.

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