Et si tu n'existais pas


In My Room, un film de Ulrich Köhler
avec Hans Löw

Un film allemand… au titre anglais, dont le sens par rapport au film est de prime abord difficile à saisir ; en direct de la section “Un Certain Regard” cannoise, In My Room est un de ces films très humbles qui pourtant ont bien plus à raconter que la plupart des blockbusters tapageurs. Ulrich Köhler n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai… même si ses trois précédents film demeurent introuvables. 

In My Room est scindé en deux parties très différentes, ce qui n’est pas idéal dans ce type d’oeuvre dont tout l’intérêt est une deuxième partie post -“basculement“ (ici, la disparition inexpliquée des humains). La première partie est trop longue, déjà vue (Armin rate tout ce qu’il entreprend et ne trouve pas de sens à sa vie). Seule la séquence d’ouverture - dans laquelle le personnage fait littéralement l’inverse de ce qu’il devrait faire au moment de filmer un reportage - est une vraie proposition de cinéma. 
C’est dans sa seconde partie que le film se révèle. Une fois l’humanité disparue, donc, il pose les bonnes questions… et oublie ou omet volontaire de les résoudre (certaines étant par essence insolvables, le film peut laisser dans les faits un certain arrière-goût d’acte manqué). Köhler lance et entremêle la plupart des interrogations que tous se sont déjà posées, autour de cette thématique centrale : que faire du monde s’il nous était laissé tel quel mais évacué de ses habitants ?  
Le “in my room” qui était le studio de 8m2 dans lequel Armin était enfermé par sa médiocrité devient la planète dans son intégralité. Ou peut-être seulement la partie qu’il souhaite exploiter. Comment va-t-il y vivre ? Au bout de quelques dizaines de minutes - qui sont des années dans la temporalité du film - Köhler semble s’enliser puis se permet de relancer une série de questionnements dans une troisième partie impromptue. 

In My Room offre donc un petit univers cinématographique et réflexif (même si parfois maladroit) des plus intrigants et agréables, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Maren Ade (Toni Erdman, 2016)… avec qui Köhler partage sa vie. 

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