ELLE S'EN VA

Elle s'en va, un film d'Emmanuelle Bercot


Bettie, la soixantaine flamboyante, craque à la suite de problèmes financiers, prend sa voiture pour « acheter des cigarettes » mais ne s’arrête pas chez le buraliste au coin de la rue. Bettie, c’est Catherine Deneuve ; elle va rouler bien plus loin que prévu.
Deneuve dans un road-movie, une accroche qui peut sembler difficile à appréhender : le résultat, forcément surprenant, n’en a que plus de saveur. 

Catherine (la seule, l’unique, comme l’admet d’entrée de jeu le générique en prenant le parti d’écrire son nom de famille en petit, en dessous, comme si on n’avait pas de doute) est sensationnelle dans le ciré jaune de Bettie. Elle ne joue pas à contre-emploi pour autant, ce qu’elle ne manque pas de faire malicieusement remarquer dans l’une des rares interviews qu’elle donne à la sortie du film. 

« -  Ce qui est amusant, dans Elle s’en va, c’est qu’on vous  voit faire des choses inhabituelles. » 
« - Comme ? Conduire une voiture ? Ça vous amuse de me voir conduire une voiture ? Vous avez l’impression que je casse mon image quand je fais ça ? »
(interview par François Grelet dans Première, 2013)

Le film en lui-même est finement réalisé. Toujours dynamique, la caméra d’Emmanuelle Bercot est mobile sans être tremblante ; l’immersion se fait naturellement. Dans ses thématiques, Elle s’en va est un pur film de Bercot : le trait est forcément marqué, surtout dans la mesure où il s’agit dune incursion dans la France de l’intérieur. On sent parfois la caricature poindre, le fait qu’une partie de ceux que croise Bettie ne soient pas des acteurs mais des vrais personnages, avec de vraies histoires venant en partie contrebalancer cet effet. 

Ce n’est toutefois pas ce regard qu’on devrait retenir, plutôt celui de la réalisatrice sur une actrice, un cinéma et peut-être une époque. De la réunion tragi-comique des anciennes miss aux vraies-fausses photos de Catherine période Jacques Demy, Emmanuelle Bercot jette l’air de rien un regard énamouré sur le cinéma français. Sans parler de cette consommation frénétique de cigarettes. Le fait même que la regrettée Claude Gensac (partenaire à l’écran de Louis de Funès, décédée en 2016) incarne la mère de Bettie dit quelque chose du regard que le film souhaite porter sur le passé. 


Elle s’en va, mardi 24 Mars à 13H35 sur Arte.

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